Matinée-conférences sur la francophonie 2016

Dans le cadre du Mois de la francophonie 2016 se tiendra une matinée agrémentée de conférences sur la francophonie, canadienne et internationale, pour vous faire découvrir certains de ses aspects. La garantie d’une belle expérience!

La Matinée-conférences sur la francophonie se tiendra le mercredi 23 mars 2016, de 8 h 40 à 13 h, à la salle 509 du pavillon Hamelin de l’Université d’Ottawa.

Voici la programmation de la Matinée-conférences sur la francophonie :

Premier volet : vers une francophonie canadienne

9 h La communication de Marlyse Anakeu Ekassi, étudiante à la maîtrise en éducation,  portera sur les stratégies de mise en valeur des écoles de langue française en Ontario, au Canada.

 9 h 30 La communication de Lisa Savoie-Ferron, étudiante à la maîtrise en sociologie, portera sur l’imaginaire linguistique des jeunes francophones canadiens en contexte de mobilité universitaire.

10 h La communication de Brigitte Murray, étudiante à la maîtrise en éducation, portera sur l’insécurité linguistique à l’écrit chez les étudiants universitaires francophones issus d’un milieu francophone minoritaire au Canada.

10 h 30 La communication de Mina Zeroual, étudiante à la maîtrise en éducation, portera sur les pratiques d’évaluation formative qu’adoptent les professeurs de médecine œuvrant dans le programme de langue française d’une université canadienne.

Second volet : vers une francophonie internationale

 11 h 15 La communication de Sara-Ève Valiquette-Tessier, étudiante à la maîtrise en sociologie, consistera en un survol de la francophonie internationale de Paul Gérin‑Lajoie.

 11 h 45 La communication de Alexandre Lillo, étudiant au doctorat en cotutelle à l’Université de Montpellier, vise le droit et de la gestion de l’eau en France et au Québec.

12 h 15 La communication de Djamel Chikh, étudiant au doctorat en science politique, à l’Université d’Ottawa et à l’Université de Versailles Saint-Quentin (Paris Saclay), porte sur les conséquences de la colonisation française à l’égard de la question de la langue amazighe en Algérie.

Toute la population est invitée à assister à la Matinée-conférences sur la francophonie. Muffins, croissants, café, jus, etc. seront servis en matinée. Un goûter sera également offert. L’évènement est gratuit.

Les personnes intéressées à y assister sont invitées à s’y inscrire en faisant parvenir un courriel à l’adresse suivante : jfrancophonie16@gmail.com.

Voici la biographie des conférencières et des conférenciers ainsi que le résumé de leur communication :

 


 

Anakeu

Entre 2006 et 2010, Marlyse Anakeu a été assistante de recherche au département de sociologie de l’Université de l’Alberta (sous la supervision du professeur Paulin Mulatris). Entre 2013 et 2014, elle a contribué au projet de recherche en cours sur l’inclusion à l’école de langue française en Ontario, à la chaire de recherche « Éducation et francophonie », à l’Université d’Ottawa (sous la supervision de la professeure Nathalie Bélanger). Marlyse Anakeu poursuit une maîtrise en éducation, dans le programme Société, culture et littératies, à l’Université d’Ottawa.

Les stratégies de mise en valeur des écoles de langue française en Ontario

L’objectif de notre communication vise la présentation de notre étude de maîtrise, actuellement en cours, et porte sur l’identification et l’analyse des différentes stratégies déployées par les directions d’écoles de langue française en Ontario pour convaincre les parents de choisir leur école parmi tous les choix offerts à la population. Les études réalisées jusqu’à présent sur le choix scolaire énumèrent les facteurs qui influencent la décision des parents d’inscrire leur enfant dans telle ou telle école sans toutefois aborder la question des efforts que déploient les directions d’écoles en matière de recrutement et de rétention des élèves. Dans le cadre de cette communication, nous décrirons d’abord le contexte des écoles de langue française en Ontario. Nous exposerons ensuite les questions auxquelles nous tenterons de répondre. Enfin, nous traiterons de la méthodologie, plus précisément nous ferons mention de l’orientation théorique que nous avons adoptée, des participants que nous ciblons, des instruments de cueillette de données auxquels nous aurons recours ainsi que du type d’analyse que nous comptons employer.

SavoieFerron

Originaire de Shippagan, au Nouveau-Brunswick, Lisa Savoie-Ferron habite à Gatineau depuis maintenant six ans. Diplômée du programme de premier cycle en lettres françaises de l’Université d’Ottawa, elle est actuellement étudiante à la maîtrise en sociologie (M.A.) à l’Université d’Ottawa. Elle s’intéresse principalement aux questions linguistiques et identitaires reliées à la francophonie minoritaire canadienne.

L’imaginaire linguistique des jeunes francophones canadiens en contexte de mobilité universitaire

La construction identitaire de la majorité des jeunes francophones minoritaires s’organise selon les catégories linguistiques qui opposent les groupes majoritaires aux groupes minoritaires (Pilote et Magnan, 2012). Dans certains cas, une hiérarchie entre les différentes variétés linguistiques s’installe dans les représentations. Des relations de pouvoir deviennent alors observables à travers les jugements de valeur et les attitudes envers la langue des individus, qui constituent en fait l’imaginaire linguistique de ceux-ci (Houdebine-Gravaud, 1975-2008). À la suite d’entretiens menés auprès de Néo-Brunswickois et de Québécois en contexte de mobilité universitaire à l’Université d’Ottawa, les discours épilinguistiques des participants ont été analysés afin de cerner leurs représentations concernant le contact interlinguistique. Nous suivons ici le courant de la sociolinguistique critique, dont l’objectif est de comprendre le rôle que jouent les représentations sur les pratiques linguistiques dans les rapports de pouvoir qui circulent en société. Ainsi, dans le cadre de cette communication, nous exposerons les façons dont se constitue l’imaginaire linguistique des jeunes francophones en contexte de mobilité universitaire.

Murray

Brigitte Murray est étudiante à la maîtrise en éducation (M. A.) à l’Université d’Ottawa. Ses champs d’intérêt sont la littératie, la didactique des langues, le français écrit en langue première et en langue seconde, le processus d’écriture et le rapport à l’écrit.

Francophones canadiens issus d’un milieu francophone minoritaire…
quand leurs discours sont empreints de marques d’insécurité linguistique à l’écrit en français et en anglais

Selon les recherches, l’insécurité linguistique serait un sentiment ressenti davantage chez les francophones en milieu francophone minoritaire que chez les francophones des milieux francophones majoritaires (Boucher, 2007). Les représentations associées à la connaissance et à l’emploi des langues pourraient être un facteur susceptible d’expliquer l’insécurité linguistique que peuvent vivre certaines personnes (Blain, Beauchamp, Essiembre et Freiman, 2010; Blain et Lafontaine, 2010; Cavanagh et Blain, 2009). En milieu scolaire, ce type d’insécurité pourrait engendrer des difficultés d’apprentissage à l’écrit, soit en lecture et en écriture (Calvet et Moreau, 1998). Si certains élèves des paliers élémentaire et secondaire éprouvent des difficultés à maîtriser les pratiques relatives à l’écrit, il en est de même pour les étudiants qui commencent leurs études postsecondaires parce qu’ils doivent satisfaire à de nouvelles exigences, grandement différentes de celles du niveau secondaire (Deschepper et Thyrion, 2008; Erlich et Lucciardi, 2004). Dans le cadre d’une étude que nous avons menée sur le rapport à l’écrit, des marques d’insécurité linguistique à l’écrit en français et en anglais se sont manifestées dans les discours des participants. Dans le cadre de cette communication, nous aborderons le concept d’insécurité linguistique à l’écrit et nous présenterons les marques d’insécurité linguistique à l’écrit en français et en anglais relevées dans notre étude.

Zeroual

Mina Zeroual est médecin chirurgienne spécialisée en chirurgie générale depuis 2000. Elle a occupé au Maroc le poste de chef de service du bloc opératoire et de chef de service de chirurgie pendant sept ans ainsi que celui de professeure d’anatomie et de pathologie chirurgicale à l’institut de la santé pendant cinq ans. Elle a fait ses débuts à l’Université d’Ottawa en 2013 à la fois en tant qu’instructrice à la division d’anatomie clinique et fonctionnelle et en tant qu’étudiante au programme de maîtrise en éducation pour les professionnels de la santé. Actuellement, elle occupe au sein de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa le poste de professeure à temps partiel d’anatomie physiologie ainsi que celui de tutrice pour les séances de dissection et pour les séances d’apprentissage par cas (APC). Elle s’intéresse aux pratiques en évaluation formative qu’adoptent les professeurs en médecine œuvrant dans le programme francophone d’une université bilingue.

Quelles sont les pratiques en matière d’évaluation formative employées par les professeurs de médecine œuvrant au sein d’un programme de langue française d’une université canadienne?

En éducation, un grand nombre de chercheurs s’intéressent aux méthodes d’évaluation formative (Allal et Lopez, 2005) et aux pratiques d’évaluation formative (Deaudelin et coll., 2007) qu’adoptent les professeurs parce qu’elles jouent un rôle essentiel dans les apprentissages des étudiants. Toutefois, à notre connaissance, peu d’études ont été menées dans le milieu francophone sur les pratiques en évaluation formative qui ont cours dans le domaine de l’éducation médicale. Dans le milieu anglophone, certains chercheurs ont abordé les difficultés auxquelles sont exposés les professeurs au moment de concevoir des tests d’évaluation (Norcini et coll., 2007), alors que d’autres ont souligné le rôle de l’évaluation formative dans l’amélioration des résultats des étudiants lorsque cette dernière leur est soumise à la suite d’une évaluation sommative (Azzi et coll., 2014). Néanmoins, il semble qu’aucune recherche n’ait été menée sur les pratiques en évaluation formative mises en œuvre par les professeurs attachés à un programme de médecine. La constatation de cette paucité d’études portant sur le sujet tombe à point parce des changements apportés aux programmes de médecine dans les différentes universités canadiennes ont conduit à l’adoption de l’approche par compétence (canMEDS). Cette dernière est en vigueur depuis 1996 et nécessite un système d’évaluation solide et multiforme qui se fonde plus particulièrement sur l’évaluation formative. En somme, le rôle important que joue l’évaluation formative dans les apprentissages des étudiants, l’adoption par les universités canadiennes de l’approche par compétence et l’insuffisance de données relatives aux pratiques en évaluation formative nous motivent à mener une recherche qualitative dans le but de préciser l’état actuel des pratiques en évaluation formative adoptées par les professeurs de médecine œuvrant dans le programme de langue française d’une université canadienne. Dans le cadre de cette communication, nous présenterons une problématique ainsi qu’une recension des écrits à ce sujet.

Tessier

Sara-Ève V.-Tessier est diplômée de l’Université d’Ottawa (B.Sc.Soc. spécialisé en développement international et mondialisation, summa cum laude). Par le passé, elle a participé à une recherche-terrain en évaluation de programme avec le YMCA du Guatemala. Étudiante à la maîtrise en sociologie (M.A.), elle est affiliée au Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités (CIRCEM), où elle collabore surtout avec le professeur E.-Martin Meunier. Ils sont actuellement à finaliser un article portant sur le sort des universités catholiques dans Ottawa francophone. Sa thèse porte sur le discours de l’employabilité dans les universités du Québec et de l’Ontario.

Pour un Québec dans le monde : la francophonie internationale de Paul Gérin-Lajoie

Bien des gens savent que Paul Gérin-Lajoie a été le premier ministre de l’Éducation du Québec. Certaines personnes savent qu’il est le président fondateur de la Fondation Paul Gérin Lajoie et l’homme derrière les dictées P.G.L. Néanmoins, peu sont au courant du rôle qu’il a joué au sein de l’Agence canadienne de développement international (ACDI). En effet, Gérin-Lajoie en a été le président de 1970 à 1977. Dans le domaine du développement international, ces sept ans demeurent un point de référence canadien en matière d’aide publique au développement. Le but de cette communication est de commémorer les contributions de Paul Gérin-Lajoie à l’échelle internationale. Le Mois de la francophonie représente un moment idéal pour rappeler la promotion qu’il a faite de la francophonie. Au cours de cette communication, nous présenterons d’abord un résumé récapitulatif chronologique des projets internationaux mis en œuvre par Gérin-Lajoie, particulièrement ceux dont la mission était de faire la promotion de la francophonie. Ensuite, nous dresserons un portrait des prises de position plus récentes de Gérin-Lajoie concernant le développement international.

Lillo

De nationalité française, Alexandre Lillo est doctorant spécialisé en droit et en gestion de l’eau. Titulaire d’une maîtrise en droit public général et d’une maîtrise en gestion de l’eau, il mène ses recherches dans le cadre d’une cotutelle de thèse avec l’Université d’Ottawa et l’Université de Montpellier (France). Portant sur de vastes problématiques interdisciplinaires, son projet de thèse doctoral s’inscrit dans l’analyse de la compatibilité entre la gestion de l’eau par bassin versant à l’échelle nationale et le droit positif canadien.

La gestion de l’eau du Québec à la France, ou les limites intrinsèques d’un bagage culturel et juridique francophone commun

« La nature est présente mais hors cultures; les cultures ont toutes un point de vue plus ou moins précis sur elle. » (Latour, 1991)
L’appréhension du droit et de la gestion de l’eau dans le contexte canadien nécessite l’observation des précédents internationaux. À ce sujet, les systèmes québécois et français présentent les fondements d’une politique en la matière marquée par des dimensions communes. Effectivement, malgré la pluralité des théories relatives à la gestion de l’eau, le Québec et la France disposent d’orientations politico-juridiques explicitement analogues au regard de cette ressource. La comparaison et la description des rouages articulant ces deux ensembles permettent d’émettre l’hypothèse selon laquelle un bagage culturel francophone commun et l’héritage d’un système de droit civil partagé ont encouragé la mise en place d’une politique et d’une gestion de la ressource aux contours similaires. Ainsi, nous ferions face à un relativisme culturel marquant les traditions hydrauliques québécoises et françaises. Néanmoins, les limites de cette idéologie demeurent palpables. Le partage d’un bagage culturel et juridique ne se traduit ni par l’ignorance, ni par la renonciation aux spécificités du contexte en présence. Dès lors, le caractère intrinsèque des limites exposées se justifie par la dimension naturelle propre à chacune des régions, et ce, parce qu’il n’est pas possible d’universaliser la nature.

Djamel Chikh est candidat au doctorat en science politique, conjointement à l’Université d’Ottawa et à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (Paris Saclay). Sa thèse porte sur la question du militantisme linguistique amazigh en Algérie. D’autres recherches ont été réalisées dans le passé comme sur la non-adhésion de l’Algérie à la Francophonie et une analyse cognitive des politiques linguistiques en Algérie. Plus généralement, il s’intéresse, entre autres, aux questions de langues et politique ainsi qu’à celles de l’identité, de la citoyenneté et de la démocratie, notamment en Afrique du Nord. Il est associé au Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité (CRIDAQ – Université du Québec à l’UQAM) et au Groupe de recherche interdisciplinaire en gestion des langues (GRIGL – Université d’Ottawa).

La mise en conflit des langues dans l’espace postcolonial francophone : le cas de la langue amazighe en Algérie

Les conséquences de la colonisation sur les situations linguistiques sont manifestes (Memmi 1957, Calvet 1974). Néanmoins, l’incidence de la colonisation française semble caractéristique (Ivekovic 2007). Celle-ci est encore plus particulière quand il s’agit de l’Algérie (Saada 2005, Benrabah 2014). La manière dont la colonisation a investi et instrumentalisé les langues dans ce pays a affecté la question linguistique, et ce, de plusieurs manières et à différents niveaux. Cette conférence s’intéresse à un cas particulier : celui de la langue amazighe en Algérie eu égard aux conséquences complexes de la colonisation/postcolonisation. Si, d’un côté, la langue française – à travers une littérature savante – a su traduire un certain imaginaire linguistique (Houdebine 2002) amazigh, la politique linguistique colonialiste et ses suites ont, par contre, pénalisé la langue amazighe. Cette ambivalence, qui peut être discernable en théorie, s’avère équivoque, voire sournoise, sur le terrain. Après des décennies d’un combat de « seuls contre tous », les défenseurs de la langue amazighe se voient stratégiquement soutenus/reconnus par une certaine concordance d’intérêts qui regroupe à la fois « le nouveau discours de l’ancien colonisateur » (Albaugh 2014), celui des ONG et des organisations internationales comme la Francophonie, ainsi que le pouvoir étatique central. Cependant, malgré ce consensus dans le discours, la langue amazighe demeure prise entre des logiques rationalistes (Laitin 2006) et des considérations idéologiques (Chaker 1991, Miller et Haeri 2008) qui ne lui sont point favorables et qui font maintenir les langues en place dans le conflit.